A l'assaut de la porte

Aaron poussa la lourde porte de la véranda, et y entra, suivi de Katerina, sa camarade de Fenryr. A cette heure de la journée, la pièce était inondée de la lumière du soleil, et les yeux du jeune garçon mirent quelques secondes à s'habituer. Il s'avança un peu, et regarda sur sa gauche. Un grand sourire fit rayonner son visage.

"A nous deux... "

*Ou plutôt à nous trois!*

L'escalier était là, et exerçait une attirance étrange sur Aaron. Comme une invitation à monter, jusqu'en haut. Il se détourna de ce fascinant spectacle et demanda à la jeune fille :

"Tu sais ce qu'il y a, tout en haut?"

Kat était entrée juste derrière Aaron. Elle était maintenant parfaitement réveillée. Elle avait mis sa main en visière pour protéger un peu ses yeux des rayons du soleil. Elle regardait autour d'elle : la véranda, toujours la même jolie et mystérieuse véranda. Au lieu de deux mois, elle avait l'impression de l'avoir quittée la veille. Dingue comme on peut se remettre vite dans le bain.
Elle fut interrompue dans ses pensées par son camarade.

"Ouais, bien sûr j'sais." répondit-elle avec une sourire amusé.

"Très bien. Allons donc y jeter un oeil ou deux!"

Et sans attendre, Aaron entreprit de grimper les escaliers. Rien de tel pour se maintenir en forme, de bon matin. Il arriva rapidement en haut, et s'assit quelques secondes pour reprendre son souffle.

"J'ai toujours pas réussi à ouvrir cette fichue porte... : Pourtant j'ai essayé plein de trucs! T'aurais pas une idée, par hasard?"

Kat arriva à son tour en haut et s'assit à côté de son camarade, plus par mimétisme que pour reprendre son souffle.

"Le jour où j'ai appris à maîtriser le sortilège Alohomora en 1ère année, j'ai couru jusqu'ici toute excitée, en me disant que j'allais enfin savoir ce qu'il y avait derrière la porte. J'ai essayé, et... non, evidemment. J'en garde un souvenir très moyen. En début de 2e année, j'ai tenté le coup avec une potion corrosive, je me disais que je pourrais faire passer ça pour un "oops j'ai renversé cette dangereuse substance sur la serrure de la porte en haut des escaliers de la véranda mais c'est un pur hasard ahlala", et puis... ça ne lui a rien fait. Des trous dans mes souliers par contre."

Elle se releva, croisa les bras, et regarda Aaron, l'air assuré.

"Mais j'ai réfléchi toutes les vacances, et je crois que j'ai trouvé ...un moyen."

Aaron, qui avait posé la question en espérant une réponse négative, fut légèrement décontenancé. Il avait lui aussi une éventuelle solution, et avait voulu faire le malin devant sa camarade. Raté.

"Vas-y, je t'écoute!"

Il se releva, et vérifia que sa solution était toujours dans sa poche gauche. Puis il passa machinalement la main à son cou.


*Bien sûr qu'elle est toujours là, comme si elle avait pu se sauver! *

"Eh bien on n'a qu'à...."

Toujours les bras croisés, Kat recula jusqu'à la porte et s'y adossa.

"On n'a qu'à défoncer la porte !! "
Là-dessus, elle fit mine de s'éxecuter en donnant un fort coup d'épaule dedans. En fait, elle le fit réellement, et elle eut un peu mal, même si elle ne le montra pas. Bien sûr, la porte ne trembla même pas.
Kat se laissa glisser contre elle en soupirant. Aaron avait eu l'air de vraiment y croire lorsqu'elle avait dit avoir un moyen.

"On peut pas ouvrir cette porte. Si on l'a fermée avec autant de... enfin si on l'a fermée autant, c'est pas nous pauvres petits élèves de troisième année qui allons y arriver comme ça, les profs savent ce qu'ils font quand même. Pourquoi tu veux ouvrir cette porte d'abord ?"

Aaron regarda Kat donner un grand coup d'épaule dans la porte, incrédule.

*Elle est folle à lier! *

"On peut l'ouvrir, j'en suis persuadé! Et je suis sûr que la solutation est toute bête! Si ça se trouve, elle est là, sous notre nez!"

Le garçon fit mine de regarder un peu partout autour de lui.

"Si je veux l'ouvrir, c'est parce que je veux savoir ce qu'on ne veut pas que l'on sache. Et puis, surtout, c'est plus fort que moi! "

*mais il a compris ce que j'ai dit ou quoi ? :*

"La solutation, hein ? Y a pas de solutation je te dis... Sauf si on l'apprenait dla bouche des dirlos ptête...
Perso, je suis persuadée que cette porte c'est euh...un appât. Un truc pour détourner notre attention des trucs vraiment intéressants ailleurs."

Kat leva la tête et regarda derrière son épaule la grande porte. Qu'il y ait réellement quelquechose ou pas derrière, elle aussi voulait savoir ce qu'on leur cachait.

*La solutation? C'est ce que j'ai dit? Le feu de l'action, sûrement... Enfin bref!*

"Un appât? Un vulgaire appât? Certainement pas. On ne se donnerait pas la peine de le sécuriser comme ça. Et il y a toujours une ou plusieurs solutions à un problème. Je préfère en tenter plusieurs avant de me risquer à appliquer la meilleure, et peut-être la seule, de toute."

Aaron sortit une petite fiole de sa poche. A l'intérieur bouillonnait un liquide rouge sang.

"C'est une banale potion alchimique, qui transforme le métal en... en je sais pas trop quoi. J'ai un peu customisé la potion!"

Le jeune Oghma décapsula la tube de verre, et versa un peu de liquide dans chacune des serrures. On vit un instant le métal se désagréger avant de reprendre sa forme initiale. Et de renvoyer la potion à l'expéditeur.

" ! "

Aaron plongea de côté, mais pas à temps. Il reçut un peu de liquide sur la main gauche et dans le cou.

"Ca brûuuule!"

Pierre, qui passait devant la terrasse, n'aurait sûrement pas eu l'idée de s'y arrêter s'il n'y avait pas eu un cri.
Il sursauta nerveusement, stoppa net et tendit l'oreille, puis se décida à jeter discrètement un oeil.

Et voici ce qu'il vit: un garçon par terre, du sang plein le cou, et une fille juste à côté...

*Horreur ! Elle l'a décapité !*

Médusé, le jeune orphelin resta bouche bée et continua à observer sans se montrer.

Code:

XD... et encore désolée du retard

*Il est buté ce gars...*

Kat croisa les bras en faisant la moue.

*Pff...ça marchera jamais.*

Elle regardait faire Aaron avec un air boudeur. Les battements de son coeur s'accélérèrent lorsqu'elle vit le métal des serrures commencer à se désagréger. Jusqu'à ce que...

"Ha ! voilà ce qui arrive !!"

Elle se précipita sur Aaron.

"Mince..."

Kat commençait à saisir qu'une potion capable de faire fondre du métal, c'était pas le genre de produit avec quoi faire une bataille d'eau. Saleté de potion couleur sang, elle ne savait même pas ce qui en était et ce qui n'en était pas. Méga-flippant. Elle avait beau se la jouer aventurière, là elle ne savait pas trop quoi faire.

Elle murmura : "ça va ? je vais t'emmener à l'infirmerie..." et commença à le tirer par les bras pour le traîner dans les escaliers.

Pierre assista médusé à la tentative de dissimulation de cadavre. Certes, le cadavre hurlait un peu, mais ça n’en était que plus horrible ! En plus la criminelle lui sussurait des choses qu'il ne pouvait entendre.
Fébrile, il se rappela la règle d’or de l’orphelinat : ne jamais balancer. Mais quand même, c’était un meurtre ! Que faire ? Il n’était pas un dégonflé, ça non. Il avait déjà vécu un incendie, des dizaines de privations et des châtiments en tous genres… Mais un assassinat, ça, il n’avait jamais vu. Il n’avait qu’une envie, s’enfuir, d’ailleurs la fille se dirigeait par ici... mais son corps était paralysé par la trouille.

*Bon. Pierre, t’es pas un lâche, et en plus t’es un magicien ! Alors fais de la magie !*

Le jeune garçon sortit résolument sa baguette, mais sa main tremblait un peu. En plus, n'ayant encore assisté à aucun cours (sa première journée était complètement libre) il ne connaissait aucun sort… enfin presque. Un cri ridicule jaillit de derrière la porte de la véranda :

"Abracadabra !"

En vérité, la potion n'était pas tellement efficace sur la peau, fort heureusement pour Aaron. Du sang chaud dégoulinait de son cou, et c'était très certainement impressionnant à voir, mais la quantité de sang perdue n'était en réalité pas bien grave pour sa santé. Il accepta cependant que Katerina l'emmène à l'infirmerie.

"Mais qu'est-ce que je vais lui raconter, moi, au docteur? "

Il réfléchit un instant, tout en continuant la descente.

"Je me suis fait attaquer par une plante en passant par la serre? Non... Un crapaud à deux têtes m'a craché dessus? Non plus... "

Et là, ils tombèrent nez à nez avec Pierre, qui venait de crier "Abracadabra" la baguette levée. Un enfant de moldu, à coup sûr.

"Qu'est-ce qu'il lui prend...?!"

Pierre desserra lentement les dents, cherchant à comprendre ce qu’il voyait.
Alors le garçon n’était pas mort ? Tout ce sang, c’était pas du ketchup quand même… Et il avait crié !
Bouche bée, le jeune garçon baissa sa baguette qui s’était contentée de cracher trois bottes de persil, comme quand il l’avait essayée chez le vendeur. Il haussa une épaule, et l’air complètement effaré, bégaya :

"Tu, tu… tu… Euh…"

"Je, je... je quoi?!"

Aaron commençait à perdre patience. Ah, les 1ère année, toujours à traîner dans leurs pattes en faisant n'importe quoi. Il regarda Katerina avant de lever les yeux au ciel.

"On y va? Ca fait mal quand même! : "

Le sang avait cessé de couler, et commençait à coaguler. Il ne pouvait pas voir son cou, mais ça ne devait pas être très joli, à en juger par l'état de son pull-over.

"Yuuuk! C'est dégoûtant!"

Kat était rassurée, Aaron n'avait pas l'air trop mourant finalement.
Elle fit un pas vers le première année. "Abracadabra", hein ?

"Tu nous as vu descendre les escaliers de la salle secrèèète je vais te lancer une malédictioooon"

Elle tendit sa baguette vers lui.

"Supercalifraaa"

Elle effectua quelques mouvements du poignet :

"gilisticaaaaa"

Sa main brandit sa baguette puis la rabaissa d'un coup, pointée vers Pierre :

"LIDOCIUS !!", cria-t-elle en faisant jaillir des étincelles rouges.

Kateřina ricana, avant de se retourner vers Aaron.

"Aw, oui, c'est dégueu, ça te fait vraiment très mal ?"

Aaron explosa de rire avant de s'arrêter tout d'un coup.

"Euh... oui, ça fait super mal! Ne me fais plus rire steuplé!"

Il regarda avec intérêt Pierre se sauver comme un petit animal apeuré, puis reprit sa marche vers l'infirmerie. Il n'y avait jamais mis les pieds, en trois ans de scolarité.

"Waaaah j'lui ai vraiment fait peur dis donc !! "

Kat ressentit comme l'ombre d'un remord, ombre qui s'évanouit très très vite. Elle se retourna vers Aaron et le suivit.

"Oh ben lo genre c'ma faute t'sais... T'as besoin d'aide pour marcher ?"

Puis, sans même laisser le temps à son camarade de réfléchir au sens de la question à laquelle il aurait pu penser formuler une réponse s'il avait disposé de quelques dixièmes de secondes de plus, elle enchaîna :

"Non, pas pour une blessure au cou, non. Au fait, t'as pensé à ce que tu vas dire au Dr ? :"

Aaah, le Dr Perry...

Code:

On fait quoi maintenant ? On poste à l'infirmerie ? On te transfert à Sainte Mangouste ? (:mrgreen:)

Code:

Non, je veux aller au Cook County! :roll:

"Oui, j'ai besoin d'aide pour marcher! Porte-moi dans tes petits bras musclés! "

Mais Aaron fit moins le malin quand la question "Quoi dire au docteur?" fut mise sur le tapis...

"Bah euh... On verra bien sur place! Après tout, c'est pas un... comment ils appellent ça les Moldus? Ah oui, les gants d'armes!"

Lui-même avait passé les onze premières années de sa vie au milieu des Moldus, mais ça lui semblait être environ 160 000 ans avant.

"N'empêche, j'espère que c'est pas un barbare! Quand j'avais sept ans, je me suis foulé une cheville, et le docteur arrêtait pas de la tripoter dans tous les sens et il m'a fait super mal, ce fils de gobelin! "